Voici le témoignage d’une de nos membres qui a travaillé à la mise en valeur de plusieurs FdR à Cap-de-la-Madeleine.
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2013. L’aventure de la Société d’histoire des Filles du Roy (SHFR) m’interpelle et, enthousiasmée, je monte à bord.
La frénésie m’habite : je confectionne les vêtements de Catherine Dupuis, l’une des Filles du Roy arrivée en Nouvelle-France en 1663 que je personnifierai tout au long de l’année. L’ambiance se crée par des lectures sur la vie au XVIIe siècle. Une formation donnée par la SHFR me permet de mieux apprivoiser ma Catherine.
Mes découvertes sur cette noble et difficile épopée des Filles du Roy, parties de France entre 1663 et 1673 pour peupler la colonie, éveillent en moi le désir de les faire connaître.
C’est ainsi que, pendant plusieurs mois, je prononce des conférences animées d’un support virtuel. Je le fais devant des associations culturelles, des sociétés d’histoire, de généalogie, du patrimoine, des résidences pour aînés, une école primaire et des groupes d’amis hors région. Toujours dans le but que soit reconnu le rôle fondateur de ces femmes.
Bien sûr, je n’oublie pas notre voyage mémoriel en mère patrie et notre remontée du St-Laurent en voilier, nos nombreuses personnifications, échanges et amitiés développés, notre rencontre avec Yves Landry, démographe et spécialiste des Filles du Roy.
De la broue dans le toupet, remplie de reconnaissance envers la Société d’histoire des Filles du Roy et encore pleine d’énergie, je me sens un devoir d’enraciner ces femmes, nos ancêtres, dans mon milieu.
Ainsi, au début de 2014, pendant une promenade dans le vieux Cap-de-la-Madeleine, en compagnie de mon époux André Loranger, féru d’histoire, je traverse le parc du Moulin, site du moulin seigneurial des Jésuites bâti en 1660. Tout en marchant, nous atteignons un monument dédié aux pionniers de la place.
Mes sentiments sont partagés : heureuse de cette reconnaissance masculine, mais offusquée de l’absence des femmes. Ma fibre féministe, jamais très loin, s’enflamme! Voilà! C’est décidé! Je vais travailler à l’érection d’un monument rappelant la contribution essentielle des Filles du Roy au développement de la colonie.
Je pars en croisade : j’écris aux diverses sociétés d’histoire, du patrimoine, de généalogie de ma région, de Sainte-Anne-de-la-Pérade à Louiseville, de Shawinigan à Bécancour. Je m’adresse au passage au comité de toponymie de la Ville de Trois-Rivières, afin d’obtenir leur appui. Qui sait, cela débouchera peut-être sur une aide financière.
De son côté, André, mon fidèle compagnon, fait la recension des 15 Filles du Roy installées à Cap-de-la-Madeleine et produit un document de 100 pages intitulé « Les Filles du Roy pionnières de Cap-de-la-Madeleine ». Ces femmes, par leurs 78 enfants, ont largement contribué à la survivance de ce qui deviendra plus tard notre Québec.
Entretemps, je rédige le texte à graver sur le monument qui se dressera au parc du Moulin. Je le soumets à madame Irène Belleau, alors présidente de la Société d’histoire des Filles du Roy pour approbation, et demande aussi l’utilisation de leur médaillon « Filles du Roy » sur le monument.
Peu à peu, je reçois des réponses de la part des sociétés ayant reçu ma demande d’appui. Ces dernières m’encouragent, mais aucune aide financière ne m’est offerte. Cela ne m’arrête pas! Qu’à cela ne tienne! S’il le faut, je paierai de ma poche ce monument! J’y tiens mordicus.
D’abord, je me tourne vers l’école Bel-Avenir qui forme des ferblantiers : ils réaliseront peut-être le travail et je m’enquiers du coût. À la fin de ma rencontre avec le professeur de métier, je réalise que la plaque proposée ne correspond pas au monument que j’aspire à ériger pour illustrer tout le mérite de ces femmes.
Partant de là, je cherche dans mon entourage des personnes impliquées dans des associations qui pourraient m’aider à faire avancer mon projet. André me rappelle une connaissance, Yves Rocheleau, membre du conseil d’administration de la Société St-Jean-Baptiste de la Mauricie. Je lui téléphone aussitôt et spontanément, il m’offre de soumettre mon dossier à la réunion du conseil d’administration du lendemain. Quelques jours plus tard, un membre du conseil de la Société, Roger Kemp (chargé de projet) m’appelle. Nous fixons une rencontre qui s’avère très fructueuse : tout d’abord, la locale Les Estacades de la Société St-Jean-Baptiste de la Mauricie avalise mon projet de monument et son financement; monsieur Kemp en devient le maître d’œuvre. Ensemble, nous passons la commande chez Monuments Boucher et à la demande de la Société (SSJB), la Ville, assume les frais d’installation au parc du Moulin.
Après plusieurs mois d’efforts, c’est le 14 juin 2015 que le monument élevé au parc du Moulin est dévoilé à un public constitué de membres de la SSJB, des diverses sociétés approchées, des dignitaires de la Ville de Trois-Rivières et de personnificatrices de Filles du Roy venues célébrer l’évènement.
Comme vous pouvez le constater, amener un tel projet à son aboutissement requiert temps, énergie, ténacité, travail, recours à des associations de la région, un brin de témérité et énormément de résilience.
Aujourd’hui, je suis fière d’avoir initié et inscrit dans un monument ce projet de reconnaissance des pionnières qu’ont été les 15 Filles du Roy installées à Cap-de-la-Madeleine.
À vous maintenant de prendre le relais dans vos villes, villages.
1 réflexion sur “Larguez les amarres, hissez la voile!”
J’étais présente ce jour- là et j’ai croisé une dame qui incarnait une de mes ancêtres mariée et établie à l’ile d’Orléans en 1663
Merci mille fois !
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